« Sans un orchestre de choc la musique de Grisar aurait subi un retour anecdotique, mais ce soir, le formidable Orchestre des Frivolités Parisiennes accueillit avec enthousiasme cette partition pour nous l’offrir avec enthousiasme et une réelle énergie décapante. Suivant les recréations d’Auber (L’Ambassadrice), d’Hervé (le Petit Faust) et bientôt d’Halévy (le Guitarrero), les Frivolités Parisiennes ont bien raison de remettre au goût cette musique incroyable et inusitée dans ces heures de crise.
A la tête des géniales Frivolités, Nicolas Simon dirige avec une subtilité certaine et un goût irréprochable. Il offre à la musique de Grisar un réveil brillant, une clarté dans les mouvements et une énergie communicative. Son approche est constellée d’une multitude d’accents qui apportent à l’intrigue une réelle théâtralité et un lyrisme passionnant. Un talent à retrouver absolument. »
Le 28 janvier Nicolas Simon sera pour la première fois à la tête de l’orchestre des Frivolités Parisiennes à L’Européen pour une unique représentation du rare opéra-comique Bonsoir Monsieur Pantalon du Belge Albert Grisar (mise en scène de Damien Bigourdan). Une occasion de faire plus ample connaissance avec un jeune chef curieux et ouvert aux expériences musicales les plus variées.
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Orchestre Demos, « Take a bow » avec le London Symphony Orchestra, « A toi de jouer »: on a souvent vu N. Simon impliqué dans des expériences pédagogiques, dans un rôle de passeur où il se sent particulièrement à son aise. « C’est le résultat d’une réflexion entreprise à l’époque de mes études. Je me voyais consacrant des heures à travailler le violon, les partitions, seul, sans être en prise avec la société qui m’entourait. Je ressentais le besoin d’une démarche citoyenne en tant que musicien, de faire en sorte que ce que j’ai appris serve à quelque chose. »  Et pas seulement sur la plan musical : « avec le projet Demos en particulier on s’aperçoit à quel point la pratique musicale et instrumentale « cadre » les jeunes participants, leur donne un objectif sur lequel se concentrer et leur apprend à s’écouter, à écouter les autres – et à les respecter. »
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Créé en 2007, l’ensemble La Symphonie de Poche s’inscrit pleinement dans l’activité de passeur que N. Simon entend mener parallèlement à des activités musicales plus « traditionnelles ». Un ensemble d’une petite vingtaine de musiciens qui se donnent pour objectif d’«amener la musique là où on ne l’attend pas », de rencontrer des publics peu accoutumés au classique. Un peu en sommeil pendant trois ou quatre ans, La Symphonie de Poche figure désormais parmi les préoccupations premières de N. Simon. Pour cet ensemble, un spectacle autour de la Symphonie Fantastique, (intelligemment arrangée par Emmanuel Ory) mis en scène avec talent et humour – mordant envers une certaine idée du romantisme ! – par Edouard Signolet est prêt (nous avons assisté à la générale en décembre à Paris) et partira en tournée à partir de la rentrée prochaine.

Autant dire que l’ouvrage de Grisar ira comme un gant à l’enthousiaste équipe des Frivolités Parisiennes. Ce spectacle s’inscrit dans la cadre de la première édition des Paris Frivoles, un académie qui a permis à de jeunes chanteurs de se familiariser avec l’univers de l’opéra-comique. « Un travail important a été effectué sur la clarté de la prononciation, note N. Simon, mais aussi sur l’improvisation théâtrale, les danses de l’époque, etc. C’est une démarche qui mérite d’être saluée. »

« La direction ferme et souple de Nicolas Simon est agréable et la musique de Mozart, si complexe et pleine de pièges malgré son apparente facilité aussi bien pour l’orchestre que pour la soliste, est sublimée ; le geste sûr et millimétré fait résonner la tendresse mozartienne, entre subtilité et finesse, sous les voutes de l’abbatiale.

Nicolas Simon prend la parole pour présenter brièvement le mouvement Sturm und Drang qui a inspiré Carl Philipp Emmanuel Bach  et  Joseph Haydn. Le jeune chef parle d’ailleurs des deux compositeurs avec passion ; il en distingue les particularités et les obstacles : tout ce qui fonde leur manière spécifique; il donne une interprétation dynamique et vivante de la symphonie hambourgeoise du fils du kantor de Leipzig (qui reunit le seul pupitre des cordes). L’oeuvre, sombre et tourmentée, comme nombre de pièces musicales, théâtrales ou picturales de cette période, est bien pensé mais l’ensemble. Nicolas Simon réussit pourtant, grâce à une direction limpide, à livrer une lecture de l’oeuvre de Bach vivante, dynamique, s’appuyant sur des accents imprévisibles mais justes.

C’est dans la symphonie n°49 de Joseph Haydn que le chef donne la pleine mesure de son talent de maestro; Haydn qui, lui aussi, compose son oeuvre en plein Sturm und Drang n’en propose pas moins une symphonie plus allante et dynamique que celle du fils Bach : un concentré d’élégance et de retenue, pourtant nuancée par l’humour et la facétie. Et Nicolas Simon se révèle excellent pour diriger une symphonie qui l’inspire visiblement beaucoup. »